lundi 27 octobre 2008

"Crise financière à Boulogne-Billancourt"

Le Monde ne tourne pas autour du pot : une crise couve aussi à Boulogne !

Boulogne-Billancourt, deuxième ville d'Ile-de-France après Paris avec ses 108 300 habitants et l'une des plus riches de France est-elle au bord de la faillite ? C'est le nouveau maire et député (UMP) lui-même, Pierre-Christophe Baguet, qui tire la sonnette d'alarme en parlant d'"une situation financière très mauvaise" et pronostiquant un budget 2009 "terriblement compliqué à boucler." Même l'opposition de gauche partage les inquiétudes du maire au point que les Verts réclament une augmentation des impôts locaux pour "éviter l'explosion d'une dette de 224 millions d'euros et maintenir les politiques sociales." Le maire renvoie la responsabilité d'une mauvaise gestion à son prédécesseur qui est aussi son adversaire historique, le sénateur (UMP), Jean-Pierre Fourcade. A la tête d'un groupe de dix conseillers municipaux divers droite, l'ancien ministre des Finances de Giscard mène la vie dure au maire quinquagénaire self-made-man.

L'hôtel de ville est suspendu à un audit des experts d'Ernst & Young sur l'état des finances, commandé par Pierre-Christophe Baguet, dès son élection, au printemps. Le nouveau maire a consulté un pré-rapport dont les conclusions semblent l'atterrer : "Ce document révèle des erreurs manifestes et graves dans la gestion de la commune, ces dernières années." Et de citer une liste de crédits "revolving" (permanents) engagés pour payer la piscine, des surcoûts d'équipements culturels et scolaires dont l'aménagement du musée Paul Belmondo –le sculpteur, père de l'acteur, qui a légué ses œuvres à la ville. Celles-ci seront exposées dans un charmant château à la lisière du Bois de Boulogne : "Le coût de ce musée est passé de 2,7 millions d'euros à 6,3 millions… Tout cela démontre une mauvaise gestion, une mauvaise estimation. Aujourd'hui, nous allons payer les ardoises !"

D'autant que le maire redoute "un coup de ciseau fatal avec une baisse des recettes" dues à la crise économique et au départ de sièges sociaux. Boulogne ne vit plus sur une mine d'or. Le temps est révolu où la Régie Renault, avec ses usines de Billancourt, déversait des flots de taxe professionnelle dans les années 1970 et 1980. L'élu préconise de geler l'embauche d'agents communaux sauf pour les crèches ou la police municipale afin de "dégonfler" une masse salariale qui atteint 58 % du budget de 157 millions d'euros. Une augmentation des taxes locales n'est pas écartée : Pierre-Christophe Baguet prend pour exemple son voisin et collègue, Bertrand Delanoë, qui programme en 2009 une hausse de 9 % des impôts locaux.

Principal accusé, Jean-Pierre Fourcade dément avoir glissé des peaux de banane sur la route de son successeur, à la veille des municipales. "Nous avons laissé un compte administratif excédentaire de 6 millions d'euros et notre budget 2008 était fondé sur des économies et des réductions d'effectifs", dit-il.

Mais le plus cocasse, est la réaction de la gauche qui se joint aux inquiétudes du nouveau maire. Outre les Verts qui plaident pour une hausse des impôts, le PS, par la voix de Marc Fusina, n'en revient pas : "Avec 2 000 euros de dette par habitant, Boulogne se classe parmi les villes de plus de 100 000 habitants les plus endettées de France !" Et le conseiller municipal de renvoyer dos à dos l'ancienne et l'actuelle municipalité dont certains élus siégeaient déjà du temps de Jean-Pierre Fourcade !

"Jean-Pierre Dubois"

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