jeudi 31 janvier 2008

"Boulogne-Billancourt : une île au centre de la campagne"




Malgré un bilan mitigé, bientot l'union sacrée contre Baguet ?

Avant de lire le blog plein d'humour de Pierre Catalan, lisons l'article de Libération :


"A Boulogne-Billancourt, les électeurs hésitants seront rares. Car ici, dans les Hauts-de-Seine, plus que nulle part ailleurs, l’enjeu de l’élection municipale est clairement identifié. Le 9 mars, il s’agira de trancher un spectaculaire débat d’urbanisme : que faire de l’île Seguin, site en friche depuis la fermeture, en 1992, de la mythique usine Renault ? S’ils veulent y voir fleurir le vaste «jardin des sculptures» dont rêverait Nicolas Sarkozy, ils voteront sans hésiter pour le candidat investi par l’UMP, le député Pierre-Christophe Baguet. S’ils préfèrent un aménagement plus urbain, mêlant logements, bureaux et équipement culturel, ils auront à choisir entre le sénateur Jean-Pierre Fourcade, leur ancien maire (de juin 1995 à mars 2007), et quelques autres candidats, notamment ceux du Modem, Sylvain Canet, ou du PS, Marie-Hélène Vouette.
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la phrase
Abandon.En révélant le 23 janvier dans Libération que le chef de l’Etat entendait réaliser sur l’île l’un des «grands projets» de son quinquennat, le conseiller culturel de l’Elysée, Georges-Marc Benamou, a, volontairement ou non, nationalisé le scrutin. L’aménagement de ces onze précieux hectares au milieu de la Seine n’est évidemment pas le seul enjeu de la municipale. Les candidats s’opposent sur le logement et sur les transports. Mais c’est bien pour ou contre «l’île Sarkozy» que de nombreux électeurs risquent de se déterminer.
En s’exprimant sans retenue sur le «fantastique projet» du Président, l’imprudent Benamou a donné aux adversaires de Pierre-Christophe Baguet des arguments inespérés. «C’est extraordinaire ! Depuis quand décide-t-on à l’Elysée de l’aménagement d’un terrain communal ?» s’étrangle Fourcade. L’île a été achetée 43 millions d’euros à Renault par une société d’économie mixte (SEM) dans laquelle la ville est largement majoritaire. Selon le sénateur, l’abandon du projet piloté par la SEM ferait perdre près de 200 millions d’euros de charges foncières, sans compter le coût des contentieux provoqués par l’annulation.
Sur fond de sarkoscepticisme grandissant, Baguet n’insiste pas trop sur sa proximité avec le Président et ses relais dans les Hauts-de-Seine : Patrick Devedjian, président du conseil général et le jeune Thierry Solère, «l’homme de Sarkozy» à Boulogne-Billancourt, probable premier adjoint en cas de victoire. Formé, il en est fier, à «l’école Santini» - il fit ses premiers pas en politique comme directeur de cabinet du maire (alors UDF) d’Issy-les-Moulineaux -, Baguet joue la carte de l’élu de terrain. Lui, c’est «Pierre-Christophe», l’enfant de Boulogne, rejeton d’une famille nombreuse et catholique bien connue dans la ville. Les commerçants, à qui il sait dire tout ce qu’ils veulent entendre, le trouvent «tellement sympathique». Ancien animateur socio-éducatif, surnommé «Bac moins cinq» par ses détracteurs, il ignore superbement le procès en incompétence qui lui est fait. Il «rame sur le terrain» depuis vingt-cinq ans. Il s’est fait élire député à deux reprises, avec près de 60 % des suffrages. Il a su, au prix de divers retournements d’alliance, s’imposer contre les anciens maires Georges Gorse et Paul Graziani.
Pour débarquer ce dernier, en 1995, il avait fait appel à Jean-Pierre Fourcade, parce qu’à 40 ans il se sentait un peu vert pour remettre d’équerre la ville en faillite, plombée par une ZAC à la dérive. L’ex-ministre des Finances de VGE (le dernier à avoir fait voter, en 1975, un budget en équilibre) avait une solide réputation de gestionnaire. Il a, personne ne le conteste, sorti Boulogne de l’ornière. Mais, Baguet le jure, un «contrat» entre eux stipulait que Fourcade devait ensuite passer la main.
Mais Fourcade, lui, ne veut pas de Baguet. Bien conscient qu’il était délicat de briguer, à 78 ans, un nouveau mandat de six ans, il a démissionné au printemps pour laisser son fauteuil à son premier adjoint, Pierre-Mathieu Duhamel, énarque quinquagénaire, proche d’Alain Juppé. Maire sortant, Duhamel devait naturellement se voir accorder l’investiture UMP. Raté : la direction nationale du parti a préféré Baguet, récompensé pour avoir été, fin 2006, le tout premier député UDF a se ranger derrière Sarkozy. Furieux, Fourcade a donc décidé de prendre le risque du combat de trop. La majorité des élus de la majorité sortante lui a demandé de se représenter. Le cheveu raz, il parle avec l’autorité d’un vieux chef militaire. Les terrains Renault, c’est son dossier, il veut le mener à bien. Tel un Paul Delouvrier planifiant ses villes nouvelles, l’homme semble tout droit sorti de la France du général de Gaulle. Dorothée Pineau, sa fidèle adjointe à l’urbanisme, conteste : «Fourcade est au contraire un pionnier du partenariat public-privé. Il a réuni 58 fois la commission de concertation sur l’avenir des terrains Renault.»
Naufrage.Reste que 78 ans, c’est beaucoup. Ses colistiers en conviennent, même s’ils soulignent son exceptionnelle énergie. «Il préside le conseil municipal plus de cinq heures d’affilée sans jamais s’interrompre pour pisser, ce type est monstrueux, c’est un phénomène biologique !» lâche un élu. «Depuis qu’il a annoncé sa candidature, il a rajeuni de dix ans», reconnaît Thierry Solère.
Mais, en campagne, il ne suffit pas d’être en forme. Sur le marché de Billancourt, tandis que Baguet distribue les promesses et les mots aimables, Fourcade se contente d’un passage éclair. Baguet lui prédit un naufrage cruel : comme le vieux Gorse en 1997, «il sera autour de 10 %». «L’île Seguin sera son tombeau», ajoute Solère. Fourcade, lui, certifie qu’il se présente pour gagner, et rien d’autre. Pour battre le candidat de Sarkozy, chacun sait, à Boulogne, qu’il faudrait, au second tour, une sorte d’union sacré entre le PS, le Modem et l’ancien ministre. Improbable, mais pas impossible…


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